Monde
NAGOYA : L'ACCORD "HISTORIQUE" RESTE CONTESTE
Célébré par l'ensemble des représentants des 193 pays participants, l'accord signé sur la biodiversité à Nagoya (Japon) le 28 octobre dernier reste insuffisant pour les représentants de la société civile.
"Nous avons réussi" s'était écrié le ministre de l'environnement japonais, Ryu Matsumoto. "Un énorme succès" pour Ahmed Djoghlaf, secrétaire exécutif de la conférence. Chantal Jouanno, secrétaire d'état à l'écologie, se réjouissait, elle, d'un accord "juste et équitable", à la fois "ambitieux et réaliste". La conférence sur la diversité biologique (CBD) qui se tenait à Nagoya du 18 au 29 octobre 2010 se devait d'être prometteuse. Elle l'a été, non sans mal, après deux semaines de débats, avec en conclusion la signature de deux traités innovants et attendus depuis près de 18 ans, ainsi que la promesse d'investissements financiers important des états à partir de 2012.
Le premier texte est un accord visant à lutter contre la perte de biodiversité dans le monde d'ici à 2020, par une augmentation de la superficie des terres protégées à 17% de la surface terrestre (contre 12,5% avant) et des zones marines protégées à hauteur de 10% (moins de 1% actuellement). L'accord prévoit en plus d'endiguer la surpêche de nombreuses espèces protégées, notamment en Europe, par une "réduction progressive" des "subventions néfastes". Le deuxième traité est un protocole, nommé APA, régissant l'accès aux ressources génétiques ainsi que l'assurance d'un partage des bénéfices de leur exploitation, afin de réglementer au mieux l'accès à la flore, à la faune et aux microorganismes mondiaux prisés par l'industrie pharmaceutique, des cosmétiques ou vivrière. Il permettra ainsi de mettre un terme à la "biopiraterie", ainsi que la mise en place d'une compensation financière des industriels aux états annexés.
Vers un "marché" de la nature
L'accord reste néanmoins contesté par la plupart des associations environnementales. WWF salue un accord certes "historique" mais encore "insuffisant". Pour Jim Leape, son directeur général, l'accord aurait dû aller plus loin avec la protection de 20% des zones marines comme le préconisent les scientifiques pour un arrêt de la surpêche. De même que les 17% de protection des terres restent une avancée, mais encore trop faible. Greenpeace espère que l'engagement visant à adopter des objectifs de financement dans deux ans "ne sera pas utilisé comme une excuse à l'inaction", estimant aussi que l'engagement pris à Nagoya aurait pu être plus important. Corinne Lepage souligne à son grand regret, un accord non contraignant, l'absence de sanctions et la présence de passages pouvant faire l'objet d'interprétations différentes. Sandrine Bélier et Eva Joly, députées européennes Europe Ecologie, elles, pointent du doigt l'APA, affirmant qu'une "indispensable
évaluation économique des services rendus par la nature ne doit pas
conduire à une Banque mondiale de la nature et ouvrir à la spéculation
sur le vivant dans un nouveau marché de la biodiversité". Enfin,
l'association France Nature Environnement regrette que ces décisions
soient prises dans le cadre d'une convention "non ratifiée par les
Etats-Unis". Grands absents à Nagoya, ils seront cependant présents le
10 décembre prochain au sommet sur l'environnement de Cancùn, très
attendu par la communauté internationale après l'échec de Copenhague.
En + : -> l'article du Monde : http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/10/21/nagoya-le-bal-des-financiers_1428983_3232.html
-> la vidéo de france 3 sur l'événement -> http://www.2424actu.fr/actualite-internationale/environnement-le-point-sur-le-protocole-de-nagoya-1638324/#read-1638324